Orgasme féminin : une étude sur les lapins aurait résolu son mystère

Le mystère entourant l’orgasme féminin vient en partie d’être levée. Une étude menée sur des lapins pourrait avoir trouvé l’origine de cette extase qui au contraire des hommes ne joue aucun rôle dans la conception.
© Istock

L’orgasme féminin intrigue les scientifiques depuis des années. A-t-il une raison d’être au-delà du plaisir sexuel ? Est-il un simple "accident de l’évolution" ? Une équipe scientifique est désormais capable de répondre à ces questions après avoir étudié la reproduction des lapins.

L’orgasme, un réflexe venu de la nuit des temps

Selon l’article paru dans le journal "Proceedings of the National Academy of Sciences", l’orgasme des femmes pourrait provenir d’un réflexe qui incite certaines femelles mammifères à libérer leurs ovules pendant les rapports sexuels.

Les chercheurs de l’article ont compté le nombre d’ovules libérés par 21 lapines après leur accouplement avec un mâle nommé Frank. 12 de ces femelles avaient été mises au préalable sous Fluoxétine, antidépresseur connu pour réduire la capacité à jouir.

"Nous savons qu'il existe un réflexe d’ovulation [chez les lapins], mais la question était de savoir s'il s'agit du même chez l’homme, et qu'il a simplement perdu sa fonction", a expliqué le Dr Mihaela Pavličev de l'université de Cincinnati et co-auteur de l'étude.

Les analyses ont montré que les bêtes sous antidépresseurs - qui ont eu peu ou pas d’orgasme - ont libéré 30% d’ovules en moins par rapport aux femelles sans traitement. Ces résultats confirment que l’animal a besoin d’expérimenter un orgasme pour avoir une poussée hormonale puis une ovulation.

Si chez l’Homme, l’ovulation n’est pas tributaire de la jouissance féminine, il semblerait que cela ait été le cas pour nos lointains ancêtres. L’extase connue aujourd’hui par les femmes serait ainsi un témoin de ce réflexe disparu lors de l'évolution, selon les chercheurs.


Orgasme : une partie du voile déjà levée par une précédente étude

Cette équipe scientifique avait déjà travaillé sur des animaux lors d'une précédente recherche pour percer le mystère des orgasmes. Elle avait alors étudié 41 espèces de mammifères différentes, y compris les chameaux, les chats et les koalas. Elle avait alors découvert que 15 d'entre elles avaient leur ovulation déclenchée lors de la copulation.

Pour les chercheurs, il est important d’étudier l’origine de la jouissance des femmes. Ils ont expliqué dans leur article "L’existence de l’orgasme féminin est intrigante pour deux raisons : d’une part, l’orgasme féminin n’est pas nécessaire au succès reproductif de la femme et, d’autre part, ce réflexe neuro-endocrinien est trop complexe pour être un accident de l'évolution. Cela a conduit à la proposition de nombreuses théories évolutives, dont la plupart ont peu de support empirique".

Jouir : de nouvelles recherches complémentaires nécessaires

L’équipe a ajouté “"Cette découverte aide à interpréter des aspects difficiles à expliquer de la sexualité féminine, comme le faible taux d'orgasmes féminins lors des rapports intimes".

Néanmoins, le Dr Mihaela Pavlicev prévient que de nouvelles expériences seront nécessaires. Elles devront déterminer pourquoi l’orgasme féminin est toujours présent chez l’être humain alors qu’il n’est plus une condition nécessaire pour l’ovulation. La scientifique se demande également si la jouissance joue un rôle dans la santé des femmes.

 

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Source : An experimental test of the ovulatory homolog model of female orgasm, "Proceedings of the National Academy of Sciences, 30 septembre 2019